Animer un retour de sortie au théâtre

Parvenir à ouvrir un échange après une représentation théâtrale n’est pas toujours aisé. Cependant sans forcément avoir de références il est possible de recueillir selon une méthode évolutive les impressions de chacun, les valoriser et élaborer une réflexion à la fois individuelle et collective sur le spectacle vu. L’objectif de ce document est de s’enrichir du discours de chacun sur le spectacle, parvenir à faire vivre des perceptions différentes, tirer parti de la plus ou moins grande habitude du spectacle. Cette démarche doit beaucoup aux échanges croisés entre Olivia Burton, Yannic Mancel et Serge Saada.

 

Objectif : S’enrichir du discours de chacun sur le spectacle, parvenir à faire vivre des perceptions différentes, tirer parti de la plus ou moins grande habitude du spectacle.

 

 Quelques principes

1) Echanges libres sur les impressions personnelles, à chaud, les émotions, tout ce qui a rapport à l’espace théâtral, les premières impressions du spectateur dans le lieu.

2) Identifier les observations qui relèvent de l’appréhension matérielle de l’espace, celles qui s’exercent sur la forme et le contenu pour après les confronter, les croiser.  Dans ce contexte une remarque formelle n’est pas forcément coupée de la perception globale du spectacle, de son sujet, de l’histoire qui se raconte. Au début les spectateurs sont libres, notre objectif est de recueillir leurs impressions.

3) Il n’y a pas de mauvaises questions.  Le phénomène théâtral s’accommode forcément de tout type d’observation qui ne s’exerce pas uniquement sur l’action dramatique, sur ce que ça raconte. Les remarques relevant d’une impression sur un éclairage, la tonalité d’une actrice ou d’un acteur, les observations sur un passage très fugitif qu’un spectateur aurait observé et qui n’a pas reçu la même attention de votre part sont les bienvenues. Même si certains détails vous semblent secondaires, il faut savoir les intégrer au débat global.

4) Votre objectif est d’abord de contribuer à faire circuler la parole en dépassant les simples opinions tranchées. En intégrant les points de vue de chacun, on parvient à construire une restitution collective, avant même de la placer sur l’axe  « d’accord » pas « d’accord ». Rappelons que l’objet du médiateur n’est pas de résoudre notre rapport à l’art ou à la pratique artistique. Votre rapport à l’œuvre ne sera en quelque sorte jamais réglé et c’est tant mieux !

5) Ce n’est pas parce que quelqu’un ne dit rien qu’il n’a rien à dire. L’expression d’un sentiment, d’une émotion prend résolument du temps en fonction des publics.

6) Pour rentrer un peu plus dans les détails, vous pouvez décider de traiter de façon structurée de la scénographie : le décor est-il très présent ou se résume-t-il à des éléments disséminés sur le plateau ? Représente-t-il ou non ? Quels sont les éléments naturalistes ? Quels sont les éléments symboliques ? Se croisent-ils ? On peut faire de même pour le son, la lumière en identifiant de façon chronologique les moments où ils interviennent, à quoi ils servent. Est-ce que décor, lumière et son fonctionnent ensemble ou agissent-t-il de façon autonome pour renforcer un effet, accentuer une scène ?

7) Y a-t-il d’autres éléments techniques qui interviennent pendant la représentation ? (Vidéo, projection, trucages…)

8) Une fois abordés tous ces éléments relevant de la forme du spectacle on peut parler des acteurs, de leur jeu, de l’harmonisation ou non de ce jeu avec ces éléments.

9) Dans un parcours sur plusieurs spectacles vous pouvez proposer tout type de retour, imaginer les dispositifs de restitution les plus variés. Un résumé parlé ou écrit, des exercices d’écritures sur le texte. A noter qu’un simple résumé pour des personnes peu habituées peut déjà constituer un regard critique. Votre objectif c’est aussi de mesurer ce qui a du sens pour les publics. Ce n’est pas le sens du spectacle ou des intentions de la mise en scène qui compte c’est le sens qu’en fait le public

10) Le sujet de la pièce est un point d’accroche. Il peut s’articuler avec les intentions de la mise en scène. On peut croiser alors les intentions du spectacle en s’appuyant sur le dossier de presse en le confrontant aux points de vue des spectateurs. Est-ce que ces intentions correspondent aux attentes des spectateurs ?

11) L’une des fonctions de celui qui anime cet atelier est d’aller au-delà du « j’aime » ou « je n’aime pas ». Dans le cas où il y a rejet du spectacle il est bon d’en parler, ce qui permet aussi au public de déterminer un point de vue plus poussé quitte à ce qu’il critique de fond en comble le spectacle en question. L’exercice critique est toujours intéressant à accueillir s’il est argumenté.

 

 



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