Action Sociale

Dans l’ouvrage collectif « Le travail social aujourd’hui et demain » (rapport du Conseil Supérieur du Travail social)), le « social » est ainsi défini : « Le social est ce par quoi chacun entre en relation d’interdépendance. Le social est ce qui permet à chacun de trouver sa place dans la société, dans le respect de ce qu’il est et de ses choix. »

On peut y voir une filiation avec la définition anthropologique de la culture : la caractérisation de comportements collectifs d’une communauté ou une société par rapport auxquels des individus sont amenés à s’affirmer, se positionner ou se distinguer.

Ce n’est donc pas un hasard si de nombreuses structures sociales agissent sur le levier culturel dans un but d’intégration et de socialisation des personnes. Parce qu’elle guide nos comportements, la culture nous permet de nous intégrer dans des groupes affinitaires et de se reconnaître comme membre à part entière du corps social. Elle est un outil pour comprendre le monde et nous amène à éveiller notre curiosité comme à aiguiser notre sens critique. Les goûts culturels contribuent à la construction identitaire, les pratiques culturelles peuvent être l’expression d’une singularité comme une affirmation d’une appartenance sociale. Telle une seconde peau, elle est expression de soi et passerelle vers l’autre.

Difficile d’envisager une démarche d’accompagnement social visant la réactivation d’un désir de projet de vie individuel, la restauration de la dignité d’une personne, sans faire référence à son histoire, sa personnalité, ses valeurs, son environnement social et familiale, ses connaissances, en un mot sa culture.

Dans le cadre de l’action sociale, les supports/activités culturels et artistiques sont depuis plusieurs années des matériaux utilisés par les travailleurs sociaux, animateurs, éducateurs. A des fins d’ouverture, de resocialisation, d’évasion, mais aussi des « espaces de mise en scène » (cadres symboliques) dans lesquels les publics fragilisés réapprennent à éprouver l’altérité, à agir au sein d’un groupe, à prendre la parole…

Pourquoi, dès lors, revendiquer une spécialité culturelle déjà induite dans la pratique sociale? La raison y est à la fois idéologique et structurelle. L’emploi du mot culture dans le secteur social n’est pas neutre, il s’oppose à la confiscation du terme culture au champ strict de l’art ou de l’action culturelle. Et par là même, elle invite les professionnels du social et de l’art et la culture à repenser leurs objectifs communs, à déployer de nouvelles possibilités d’actions croisées, et prendre conscience de leurs points communs. Ainsi peut lire dans le rapport du CSTS : « Il y a quelque chose de l’artiste dans le travailleur social dans le sens qu’il crée une œuvre relationnelle qu’on ne peut expliquer par les seules règles techniques ».

Issus de la collaboration entre structures sociales et structures culturelles, de nombreux projets ont vu le jour ces dernières années au profit de populations fragilisés : des projets ambitieux, exigeants donc valorisants, innovants car faisant appel à des expertises ou techniques diverses et donc émulatives.

Ces initiatives qu’il faut continuer à soutenir nourrissent et décloisonnent les pratiques du secteur social comme celles du secteur culturel, contribuant à la création d’un front unifié autour d’un idéal sociétal intégrant la dimension culturelle de l’Homme.

Focus

xxxx