Médiation culturelle

Contrairement au médiateur juridique, social et politique, le médiateur culturel n’est pas au service d’une réconciliation entre les publics et les œuvres. Nous n’allons pas sortir d’un musée en nous disant « ça y est, j’ai réglé mon problème avec Picasso ! », ou d’un théâtre en déclarant « Shakespeare n’a plus de secret pour moi ! » Le médiateur culturel n’est pas non plus un simple intermédiaire entre les œuvres et le public. Il n’est d’ailleurs pas plus au service d’une explication des pratiques artistiques et de leurs contenus. Ses compétences et son inventivité consistent à susciter un temps et un espace de partage autour des œuvres, à concevoir des dispositifs et des conditions pratiques de mise en jeu des œuvres, à instaurer du débat et de la délibération sur les œuvres ou pratiques artistiques proposées. En somme, le médiateur s’intéresse plus aux potentiels des publics qu’aux publics potentiels.

Il contribue ainsi à développer un esprit critique et une confiance, voire une agilité des publics à affiner leur perception, liberté qui se gagne dans le temps, confiance où le spectateur se forge un discours qui lui est propre. Dans ce cadre, chacun trouve sa place. L’interprétation de chaque proposition artistique dépend d’un contexte, d’un présent à même de susciter la libre émergence d’une parole désinhibée des publics. Il s’agit de mettre en jeu et à l’épreuve des publics les plus divers les œuvres. Toute proposition artistique est en quelque sorte vivifiée par les publics et peut susciter tout type d’interprétation : de l’interrogation, de la perplexité, une incertitude émotionnelle, de la passion, du rejet, soit l’infinie diversité des émotions des publics que le médiateur doit pouvoir reconnaître et valoriser.

Qu’il s’agisse de la visite d’un musée ou de la conception d’un projet, ou bien d’un parcours culturel plus élaboré avec les publics dans chaque action, le médiateur réfléchit à la place qu’il laisse au public. Il s’interroge sur la capacité des publics à occuper cette place concrète ou symbolique. Dans ce cadre, il est donc au service d’une double mobilité : physique et intellectuelle, mobilité qui renvoie à notre capacité à occuper l’espace public et à ne pas laisser les œuvres ou les artistes parler tout seuls. 

Focus

Le travailleur social est-il ou peut-il devenir un médiateur culturel ?

Les travailleurs sociaux qui associent à leur action sociale une action culturelle sont des médiateurs culturels sans le savoir. Les acteurs sociaux qui proposent une sortie, une rencontre ou activité culturelle à une personne en attente d’une réponse sociale mesurent au jour le jour et sans forcément le théoriser comment l’action culturelle peut dynamiser l’action sociale. C’est dans ce contexte qu’il y a une articulation possible entre les compétences de l’acteur social – capacité à mobiliser les publics, à les accompagner, à les connaitre – et celles du médiateur culturel.