Les erreurs de médiation

Le parcours du médiateur culturel est jalonné d’erreurs qui lui permettent de s’auto-évaluer et de ne jamais considérer la médiation comme une fin en soi. Chacune de ces erreurs est discutable car elle dépend d’un contexte et de la nature du projet. Tout médiateur fait des erreurs qui, une fois identifiées, sont à même de renforcer son activité.

 

Voici quelques erreurs récurrentes[1] :

  • Instaurer un cadre trop rigide où l’acquisition des connaissances primerait sur le parcours sensible des publics.
  • Poser des protocoles de médiation trop définis : l’ennemi de la médiation c’est trop de médiation.
  • Se positionner comme détenteur du savoir et placer les valeurs de l’art au-dessus des valeurs des publics.
  • Dire ce qu’il faut voir ou éprouver et enfermer les publics dans un savoir théorique sur la matière artistique abordée au détriment de l’appropriation personnelle des publics.
  • Être indifférent aux attentes des publics, présumer des goûts des publics et occulter toute réaction imprévue et la juger comme dissonant.
  • Vouloir à tout prix amener à l’échange une personne silencieuse.
  • Respecter coûte que coûte le programme de visite que l’on s’est donné   dans un musée ou un lieu de patrimoine sans tenir compte de la volonté des publics de passer plus de temps devant une œuvre.
  • Eluder une réaction imprévue sur une œuvre et ne pas tenir compte de la sensibilité des publics: rapport à la violence d’un propos, à la nudité, à la façon de parler d’un comédien…
  • Présupposer que les publics ne pourraient aborder des contenus plus aventureux.
  • Se faire une idée arrêtée de ce qui est simple et compliqué pour les publics.
  • Proposer systématiquement un jeu ou un dispositif singulier de médiation au risque d’infantiliser les publics.
  • Préconiser une approche horizontale pour toute chose oubliant que les publics peuvent aussi être en quête d’information sur l’artiste.
  • Ne choisir que des spectacles, des concerts, des tableaux, des films dits « exigeants » sous prétexte d’épanouissement des publics.
  • Avoir des a priori sur les œuvres et refuser des sorties et des pratiques sous prétexte qu’elles relèveraient des loisirs, de la culture populaire ou de la culture de masse.
  • Réduire les publics à leur identité ou leur condition sociale en se faisant une idée toute faite de leurs besoins, par exemple penser qu’une personne d’origine malienne ne pourrait s’intéresser qu’à un spectacle sur l’Afrique.
  • Demander aux publics de réagir à chaud systématiquement à la sortie d’un cinéma ou d’une salle de théâtre.
  • Ne pas tenir compte des limites de la mixité des publics, des différences de condition, du rapport à la mobilité, du degré d’habitude des lieux ou des pratiques et laisser certains participants plus chevronnés imposer leur rythme, leurs goûts ou leur discours sur les œuvres.
  • Oublier une personne qui ne dit rien.

 

[1] Pour en savoir plus sur ces erreurs de médiation  nous recommandons la lecture du guide de la médiation culturelle dans le champ social publié par l’association Tous Bénévoles en partenariat avec Cultures du Cœur et dont l’auteur est un des rédacteurs.



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