Cultures du Cœur, Centre de recherche sur les liens sociaux, 2015
OBJECTIF(S)
- Permettre à des habitants et familles d’habiter autrement leur propre territoire par la fréquentation des équipements culturels et sportifs
- Associer dans le cadre d’un parcours de découverte et d’émancipation commune ces publics à des étudiantes de médiation culturelle de l’Université Sorbonne Nouvelle, pour leur intérêt envers des travaux sur l’accès à la culture en zone prioritaire
- Investir d’autres territoires culturels et sportifs et conquérir une nouvelle mobilité, sortir de son quartier pour mieux y revenir
- Valoriser l’expression des habitants dans l’espace public
- Établir un document validé et encadré par un laboratoire public de recherche sur les effets des permanences Cultures du Cœur, des parcours culturels suscités et sur la viabilité d’un projet qui pose la question de la mixité et du vivre ensemble
ACTION
Cultures du Cœur a mené et fait mener par trois binômes d’étudiantes en Master 1 de Médiation Culturelle à l’Université Paris 3, trois parcours du spectateur au sein de trois structures sociales du 19ème arrondissement de Paris (l’espace 19 Cambrai, l’Antenne Jeune Flandre et le centre social de Belleville) auprès de personnes et de familles en grande précarité et/ou bénéficiant des minimas sociaux .
1. À l’Antenne Jeune Flandres, « Et toi c’est quoi ton Paris ? »
- Pour un public d’une quinzaine de mineurs isolés primo-arrivants en situation de grande précarité (sans domicile fixe, nonfscolarisés, parfois non francophones, parfois analphabètes, parfois logés dans des tentes à la rue).
- 11 sorties pluri-artistiques (exposition, danse, théâtre, cinéma, cirque, patrimoine) réalisées ou prévues dont les objectifs sont à la fois de faire découvrir le quartier (visite audioguidée, appropriation de l’Antenne Jeune par les jeunes et des artistes, visites de lieux proches) et de sortir ensemble plus loin dans Paris (Fondation EDF) ou à l’extérieur de Paris (Château de Versailles).
- Permanences hebdomadaires tenues dans l’Espace Jeune.
2. Au Centre Socioculturel de Belleville (CSBV), « Belleville en scène »
- Pour un public de 8 adultes sans emploi entre 40 et 60 ans, déjà mobilisés sur les actions du centre (atelier numérique, danse, sociolinguistique).
- 13 sorties pluri-artistiques (exposition, théâtre, danse, cirque, cinéma) réalisées ou prévues dont les objectifs sont à la fois de faire découvrir le quartier de Belleville (Théâtre de Belleville) et de sortir ensemble plus loin dans le 19ème arrondissement (Grande halle de la Villette) et ailleurs dans Paris (Théâtre nationale de Chaillot, Théâtre du Soleil).
- Plusieurs réunions ont eu lieu en amont ou en aval des sorties afin de préparer la réception d’un spectacle ou d’accompagner les ressentis ultérieurs.
3. À l’Espace 19 – Cambrai, « Contes en scène »
- Pour un public de 12 familles dont une trentaine d’enfants principalement en phase d’apprentissage de la lecture (entre 4 et 6 ans), principalement accompagnés de mamans seules.
- 7 sorties liées à l’univers du conte réalisées et d’autres prévues dont les objectifs sont à la fois l’éveil culturel, le soutien à la parentalité et la mobilité dans et en dehors du 19ème arrondissement de Paris.
- La plupart des sorties sont prolongées par un retour sous la forme de goûters ou de repas conviviaux.
PARTENARIATS
Fondation Abbé Pierre
Laboratoire Cerlis (CNRS/UMR 8070)
Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
BILAN ET PERSPECTIVES
- Les étudiantes porteuses du projet ont eu un rôle déterminant dans l’appropriation du parcours du spectateur par les publics, en particulier pour que des publics peu enclins à participer à ce type d’action, aux dires des travailleurs des structures visées, s’investissent et en retirent des éléments positifs.
- La sortie culturelle ne se réduit pas à une simple confrontation aux propositions artistiques mais l’« avant » et l’« après » sont tout aussi importants que la confrontation aux œuvres, d’où l’intérêt de la permanence.
- Une participation aux frais, même minime, peut former un obstacle économique pour des travailleurs pauvres, des bénéficiaires de minimas sociaux ou des personnes sans ressources. La gratuité demeure une condition sine qua non de la sortie.
- La sortie culturelle aide à lutter contre le sentiment de déclassement social car elle est un espace dans lequel les participants ne sont pas tenus de parler de leurs difficultés.
- La sortie culturelle donne l’occasion de reprendre des trajets oubliés depuis longtemps, de sortir de chez soi et découvrir son quartier tel qu’il n’était jamais apparu. Ainsi, le contrôle des trajets par les publics a pu participer à leur trouver une place dans le projet, leur donner confiance quant à leur capacité d’adaptation et de maitrise des sorties, tout en leur donnant envie de découvrir des espaces plus éloignés et encore inconnus.