Qu’est ce qu’une permanence culturelle ?

La permanence culturelle est un rendez-vous régulier lors duquel un groupe de personnes se réunit pour échanger autour de spectacles, parler de culture ou simplement partager un moment convivial. Sous l’impulsion de Cultures du cœur, de nombreux ateliers ont lieu chaque jour en France dans des établissements divers ‘CCAS, centres sociaux, centres d’hébergement…). C’est l’occasion pour les encadrants sociaux de développer une action d’animation collective autour de la culture. Voici quelques outils pour mettre en place votre permanence.

Enjeux

Par sa répétition et sa ritualisation, cette activité constitue un point de repère pour les publics qui prennent l’habitude de fréquenter le lieu. Certains public réfractaires aux sorties fréquentent la permanence simplement pour se socialiser, passer un moment convivial, « voyager » à travers les récits de retour de spectacle. 

Le moment de la permanence est générateur de lien social, propice à l’organisation de sorties entre les participants. Les personnes apprennent à connaitre leurs goûts respectifs, deviennent prescripteurs de sorties, instaurent des systèmes d’entraide spontanée.

Le travailleur social ou le bénévole peut développer une autre forme de relation, par le biais de cette action, avec les personnes accompagnées et peut ainsi envisager le travail d’insertion social sous un angle nouveau. Ce temps d’animation collectif vient en appui à la relation d’aide individuelle. Les temps d’échange générés lors de la permanence permettent bien souvent de faire le lie n entre sphère culturelle et sphère sociale : identifier la mobilité acquise tant au niveau physique qu’intellectuel, le degré de resocialisation retrouvé, permettre l’élargissement des connaissances et du réseau, travailler sur l’estime de soi… Autant se curseurs favorables au processus d’insertion.

 

À garder à l’esprit

 Une permanence culturelle est un rendez-vous régulier, en général deux heures toutes les semaines ou deux fois par mois, organisé dans un lieu spécifique permettant aux usagers de se réunir pour aborder la sortie au spectacle. Ce temps privilégié peut s’appuyer sur le dispositif de mise à disposition d’invitations de Cultures du cœur et peut être aussi bien consacré à la visualisation des offres de spectacles aux préparations de sorties qu’aux échanges autour des spectacles.

C’est également l’occasion pour les participants d’échanger sur leurs goûts culturels, leurs envies de sortie, d’initier des projets collectifs d’impulser des rencontres.

Cette action demande in investissement en temps, mais en contrepartie constitue une action concrète, dont les résultats sont visibles par tous. C’est un espace autour duquel peuvent se fédérer d’autres activités culturelles. 

 

Conseils

Un espace à occuper

La mise en place d’un atelier nécessite de mettre à disposition un espace dédié, suffisamment convivial et accueillant pour que les visiteurs aient envie de s’y installer un moment pour échanger, réserver des sorties ou simplement boire un café. Éviter donc les salles polyvalentes ou les espaces exigus ouvert au passage.

Pour donner un caractère attrayant au lieu et faire en sorte qu’il soit bien identifié, pensez à l’agrémenter par des journaux, des livres, des programmes de spectacle ; personnalisez le lieu avec des photos, des affiches culturelles, une décoration accueillante. Un accès à Internet et une imprimante sont nécessaires dans le cas où l’atelier s’appuie sur le dispositif Cultures du cœur.

Dans ce cadre, idéalement l’atelier est animé par deux personnes : l’une pour l’accueil et l’animation des échanges, l’autre pour la sélection des sorties.

Quelques idées pour lancer et faire connaître l’atelier :

-        Communiquer sur l’activité au moyen d’affiches, de flyers, du journal de l’association…

-        Mobiliser l’ensemble de l’équipe de travailleurs sociaux afin qu’ils communiquent sur l’existence de l’atelier.

-        Proposer des portes ouvertes pour présenter l’espace.

-        Remettre des invitations aux bénéficiaires.

Définir l’esprit et le mode de fonctionnement de l’espace : quelle place sera laissée au public ? Quels types d’activités possibles ? Quels temps et moyens y seront consacrés ? Quelle sera la posture du référent social pendant ce temps ? Quelles seront les règles inhérentes au lieu ? Lorsque c’est possible, il est conseillé d’impliquer l’ensemble des acteurs dans cette réflexion.

Soyez vigilant aux termes employés pour présenter le projet de permanence aux publics, car ils fixent un cadre auquel ces derniers vont se référer. Si l’aspect « billetterie » de l’atelier est mis en avant, il sera plus difficile d’instaurer un espace de débat critique sur les œuvres par exemple. L’utilisation des mots comme le nom donné à la permanence reflètent l’esprit du lieu : « Kiosque culturel », « Boutiqu’à sortir », « Petits-déjeuners culturels »…

Un espace à réguler entre libertés et règles communes

Pour que les publics s’approprient le lieu, il faut qu’ils s’y sentent en confiance. Il faut donc laisser la place aux initiatives, prendre en compte leurs suggestions, accompagner leurs envies. L’atelier est un espace de réconfort en rupture avec les contraintes du quotidien, c’est aussi un espace d’exercice de la citoyenneté. Toutefois, comme dans toute activité collective, il faut veiller à instaurer des règles. L’animation de la permanence implique la gestion du groupe : faire en sorte que chacun se respecte, que la parole circule. Ces règles peuvent se formaliser par une charte d’engagement ou un carte de membre.

Quelques idées pour impliquer er responsabiliser les publics :

  • Faciliter le choix des sorties en mettant à disposition des supports d’informations (journaux culturels, programmes, classeur de critiques, panneaux de flyers, pochettes de sorties par thème).
  • Mettre à disposition une boîte à idées ou un tableau pour noter ses idées ou envies : appelé, par exemple, le « tableau des bons plans ».
  • Concevoir un classeur de critiques de spectacles réalisé par les usagers.
  • S’appuyer sur les ressources des participants, proposer aux publics d’organiser eux-mêmes des sorties ou des activités, les inviter à participer à l’accueil et à l’organisation de l’atelier.
  • Remettre des fiches retours de sorties ou questionnaires.

Un espace à faire vivre

L’atelier est un espace à créer de la simple proposition de sorties à la mise en place d’un programme d’activités. À vous de donner l’impulsion en mettant en œuvre des temps d’animation collective.

Quelques idées d’activités ou de dispositifs :

  • Réflexions et échanges autour de l’idée de culture, de chefs-d’œuvre…
  • Découverte de spectacles au travers de photos.
  • Organisation de sorties collectives.
  • Rencontre avec des professionnels de la culture.
  • Échange autour d’une thématique abordée lors d’une sortie collective.
  • Projection de captations de spectacles.
  • Création d’un coin bibliothèque regroupant des ouvrages sur des idées de sorties ou de balades.
  • Présentation de témoignages de bénéficiaires ou des bilans de sorties collectives.
  • Organisation d’expositions photos

Un espace à questionner

L’animation d’un atelier culturel n’est pas un long fleuve tranquille. Des difficultés peuvent apparaitre au fil du temps : perte de fréquentation de l’atelier, désinvestissement des animateurs, comportement de consommateurs des publics, dérive en cercle d’initiés… Cette action en mouvement nécessite une vigilance, un questionnement régulier en concertation dans la mesure de possible avec tous les acteurs. C’est l’occasion de se remobiliser, de surmonter collectivement les obstacles et de trouver de nouvelles pistes d’actions.

Que proposer ?

« Ça m’arrive de proposer des choses qui ne me plaise pas, je les suggère quand même parce que ça pourrait à d’autres personnes. Il faut tout présenter, étant entendu que je ne proposerai jamais délibérément quelque chose qui peut être a priori choquant aussi bien à cause de la violence ou de quelque chose d’indécent. Je fais très attention. Comme j’ai la chance dans l’ensemble de bien connaitre les gens qui viennent, je fais attention, j’essaie de ne pas me faire surprendre- ça peut arriver, si je propose un spectacle que je ne suis pas allée voir ! Il ne faudrait pas envoyer quelqu’un voir un truc qui le dégoûte ne serait-ce que de revenir au kiosque culturel, on passerait à côté du but ! »

      Françoise Montac, Bénévole au Kiosque culturel, Centre social Charenton, Paris



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