Particularismes de la méthodologie du projet culturel dans un cadre social

Réflexions suite aux ateliers cinéma de l’été culturel 2022

Des besoins comme les autres ? 

Il est difficile de formuler des besoins culturels quand les besoins fondamentaux ne sont pas comblés.   Les besoins culturels se devinent souvent dans le cours d’une action. Ils émergent comme par éclat et s’expriment en un juste équilibre entre l’individuel et le collectif. Il n’est pas toujours aisé de définir les besoins en amont de ces confrontations forcément imprévues. Les envies ne se résument pas aux besoins.

Prendre part 

Si l’action culturelle n’est pas régulière ou prioritaire dans une structure sociale, le projet culturel est limité par la disponibilité des personnes, les questions de santé, de logement, d’insertion professionnelle, le cadre de vie, les limites en mobilité .. en somme un certain réalisme de terrain. Les acteurs sociaux font preuve d’inventivité pour mobiliser les personnes et proposer des « espaces » et des « temps » culturels plus ou moins réguliers. Se demander comment les personnes peuvent déjà y « prendre part » devrait suffire avant même de tracer une dynamique de projet.

Quels indicateurs d’impact social ?

Le plaisir et le bien être des personnes pourraient suffire comme indicateurs d’évaluation d’un projet culturel. Dans ses modes courants d'évaluation, la méthodologie de projet semble ne pas toujours avoir les moyens de mesurer un bien être reconquis où la notion de plaisir est toujours centrale. Pourtant, c’est souvent ce qui se passe quand le social et le culturel se rencontrent au point que les personnes ne savent plus si l’on satisfait des besoins symboliques, concrets ou vitaux. Comment pourrait-on parler d’objectifs quand on réalise que pour encourager des pratiques culturelles les acteurs sociaux ne sont pas rivés au résultat ? S’ils en voient les effets, leur évaluation est rarement évidente à concevoir. Une action semble réussie lorsque le culturel se diffuse dans le social au point justement de s’y confondre et de n’y voir que l’accompagnement social global.

Evaluation intermédiaire ou la viabilité d’un projet

Dans le cadre d’un projet culturel où le sensible, les interactions, la créativité sont sollicités, cette évaluation intermédiaire n’est pas nécessairement liée aux objectifs mais au bon sens. Rendre viable un projet culturel c’est savoir renoncer, réajuster la place d’une personne, accueillir des capacités inattendues, accepter l’inachevé. Il faudrait accepter que l’action nous entraîne ailleurs, décalant les objectifs de départ qui pourraient être purement liés à l’inclusion.

Des petits « miracles »

Dans un projet reposant à ce point sur l’humain, on peut pécher par excès de contrôle et de culture du résultat. Laisser advenir les petits miracles dans l’impromptu et l’informel d’une action constitue un point d’attention utile du meneur de projet. Il y a toujours de bonnes surprises ! Il faut dépasser l’envie d’avoir un résultat artistique ou très exigeant et s’attarder sur le déroulé du projet, la création de liens dans un collectif, l’autonomie individuelle, la créativité de la personne.

 

Là où la méthodologie aide le projet

Restituer et écrire avec un langage commun l’origine et le déroulement d’un projet pour le défendre auprès des financeurs est un point d’ancrage. Il s’agit de faire équipe et, dans ce cadre, la méthodologie est utile pour définir des valeurs et des enjeux partagés entre tous les concepteurs du projet. Son avenir en dépend.