24/03/2020 14:07:00
#LaCultureChezToi
N’est-il pas grand temps de lire ou relire Le joueur d’échecs de Stefan Zweig ?
- Bien sûr !
- Certainement !
- Absolument !
Ont répondu les 3 drôles de dames de Cdc38 à la question posée par Bosley (bon, en réalité il s’agissait de Simone).
Le Joueur d’échecs est une nouvelle posthume. Zweig passe les derniers mois de sa vie exilé au Brésil accompagné par sa seconde épouse. Tous deux ont quitté l’Angleterre chassés par la guerre qui se propage dans toute l’Europe en 1939.
Déjà, en 1934, il a dû fuir l’Autriche annexée par l’Allemagne. Y vivre est devenu impossible. Zweig est juif. Ses livres sont brûlés et sa maison est perquisitionnée. L’évolution de l’Europe le désespère, il assiste à la montée du nazisme et de l’antisémitisme. Il choisit de combattre en écrivant. Il célèbre une Europe qui n’est plus et ses grands humanistes comme Erasme ou Montaigne dont il écrit les biographies.
Zweig se sent citoyen du monde et favorise par ses écrits l’émergence d’un sentiment d’appartenance européenne. C’est un activiste de la paix. En 1920, il débute l’écriture d’une œuvre considérable. Dans Les Bâtisseurs du monde, il dresse le portrait de grands artistes Balzac, Dostoïevski,…, Stendhal, Kleist qu’il confronte. En parallèle, il continue l’écriture de fictions entre 1922 et 1927 (La Confusion des sentiments, Vingt quatre heures de la vie d’une femme…) qui lui valent une reconnaissance internationale.
Dès 1904, il publie des pièces de théâtre, des nouvelles, il voyage aussi en Europe, en Inde, en Amérique. En 1911, il est séduit par l’humanisme et le pacifisme de l’écrivain français Romain Rolland. Rolland devient un ami précieux et fidèle à l’avenir sombre qui se profile.
La guerre devient mondiale, pour Zweig, il n’y a plus d’endroit où vivre. Stefan Zweig et son épouse Lotte Altmann décident de disparaître. Ils préparent leur départ, Zweig a envoyé son dernier manuscrit-testament à trois maisons d’édition. Le 22 févier 1942, Zweig et son épouse mettent fin à leurs jours dans leur villa au Brésil. Le Joueur d’échecs sera publié en 1943.
« Tout cela apparaît comme dépourvu de sens, et le serait en effet s’il s’agissait d’un homme normal vivant dans des conditions normales. Quelle histoire inimaginable qu’une schizophrénie aussi artificielle, quel inconcevable dédoublement de la personnalité ! Mais n’oubliez pas que j’avais été violemment arraché à mon cadre habituel, que j’étais un captif innocent, tourmenté avec raffinement depuis des mois par la solitude, un homme en qui la colère s’était accumulée sans qu’il pût la décharger sur rien ni sur personne. Aucune diversion ne s’offrant, excepté ce jeu absurde contre moi-même, ma rage et mon désir de vengeance s’y déversèrent furieusement. Il y avait un homme en moi qui voulait à tout prix avoir raison, mais il ne pouvait s’en prendre qu’à cet autre moi contre qui je jouais ; aussi ces parties d’échecs me causaient-elles une excitation presque maniaque. Au début, j’étais encore capable de jouer avec calme et réflexion, je faisais une pose entre les parties pour me détendre un peu. Mais bientôt, mes nerfs irrités ne me laissèrent plus de répit. »
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