
COMÉDIE DE VALENCE, CENTRE DRAMATIQUE NAT 26 ET 07
Présentation
Chers spectatrices et spectateurs de la Comédie de Valence, de Drôme et d’Ardèche, de tous âges et de tous quartiers, les communautés éphémères que vous formez soir après soir à La Comédie sont de singulières communautés. Avez-vous une croyance commune ? Non. Cotisez-vous au même club ? Appartenez-vous à la même génération ? Non plus. Avez-vous les mêmes origines ? Le même revenu fiscal de référence ? Pas davantage. Parlez-vous la même langue ? Oui. C’est même ce qui vous ouvre aux paroles du monde entier. Bien souvent, vous trouvez ici… ce que vous ne cherchiez pas. Plus qu’ailleurs, chacun d’entre vous y a conscience d’être le contemporain de l’autre et de partager une finitude commune. C’est la vie ! Vous ne vous abritez pas derrière l’anonymat de communautés virtuelles. Pour un temps, vous faites corps. Rires ou larmes vous viennent à visage découvert. Ici, les passions ne sont pas ennemies de la raison. Elles font sens en s’incarnant. Un soir la salle se lève comme un seul homme. Le lendemain on s’écharpe au bar de La Comédie. Et c’est un bonheur à chaque fois.
Nous venons de vivre une année aussi tragique pour la liberté d’expression qu’éprouvante pour l’avenir de la démocratie française. À la plus obscure des barbaries, un extrémisme de souche semble répondre. Et c’est à cet instant de notre histoire, cet instant qui n’a rien d’ordinaire, qu’il faudrait économiser la culture, la paramétrer à coup d’algorithmes de recommandation, la brader aux marchands de temps de cerveau disponible ?
Au contraire, faire opérer la rencontre de tous les publics avec des œuvres dont ils ignorent l’existence est une mission de service public plus urgente que jamais. Arts vivants, le théâtre et la danse sont à vivre ensemble. À vivre ensemble et en présence. C’est dans leurs gènes. Voilà pourquoi ils sont une indispensable fabrique citoyenne. Voilà pourquoi, depuis 3000 ans, des femmes et des hommes se réunissent pour en observer d’autres parler et se mouvoir et qu’ils continueront de le faire tant qu’on ne les aura pas tous numérisés. Les expériences esthétiques auxquels ils se livrent, toujours différentes, interrogent en profondeur les passions et l’Histoire humaines. Elles convoquent dans le temps de la représentation une brève communauté d’émotions contradictoires. C’est de l’art à vivre ensemble. L’art de vivre ensemble.