Il y a un chapiteau rouge au centre de la place, isolé du tumulte du monde. Dehors, la tempête fait rage, mais à l’intérieur brille une lumière fragile. Les artistes de cirque s’y glissent pour fuir l’absurde, la guerre, le chaos. Une atmosphère hors du temps, une musique qui transporte vers un souvenir d’enfance, un cirque dont on ne garde que l’écho. Clowns, acrobates, trapézistes, rires, frissons, orgue … tout menace de faire éclater cet espace réduit. À l’extérieur, la tempête gronde. À l’intérieur, ils savourent l’instant déjà voué à disparaître, l’éternité fragile qu’ils savent éphémère. La peur, la beauté, la tristesse, mêlées, les bouleversent audiblement. Les artistes, larme au coin de l’œil, reprennent leur spectacle, se tordent, se cognent, défiant l’infini. Les spectateurs, serrés, rient, pleurent, chavirent, tenus par la magie de ce rêve suspendu.