LUCIA DI LAMMERMOOR
Gaetano Donizetti
STAATSOPER DE VIENNE
Désigné avec une pointe de dédain comme « un opéra pour prima donna », Lucia di Lammermoor a été en effet trop souvent réduit à l’époustouflante pyrotechnie dont les plus grandes divas ont fait montre depuis près de deux siècles dans la fameuse « scène de la folie » du troisième acte. Pourtant le chef-d’œuvre de Donizetti est bien plus qu’une démonstration de virtuosité pour dilettanti, c’est la véritable réussite d’un dramma tragico qui correspond tout à fait à ce renouveau romantique qui marque la première moitié du XIXe siècle. Flaubert, dans sa Madame Bovary a d’ailleurs montré tout le bouleversement dans lequel peut jeter cette œuvre ardente. Dans cette production de Laurent Pelly pour l’Opéra de Vienne, j’ai retrouvé la vérité de Lucia, cette femme qui va jusqu’au bout d’elle-même avec une passion suicidaire. Pour l’incarner, portée par la baguette flamboyante d’Evelino Pidò, Olga Peretyatko invente cette Lucia à chaque syllabe, à chaque note, à chaque inflexion. Et dans l’insoutenable scène de la folie, elle sait être cette lave passionnelle qui dépasse le chant même. Face à elle, superlatif, Juan Diego Flórez est aujourd’hui le meilleur Edgardo au monde, autant par le chant, d’une pureté expressive à tomber, que par l’incarnation théâtrale. Pour une première Lucia dans Viva l’Opéra !, c’est celle-ci qu’il fallait !
Durée du spectacle
3h02 dont 1 entracte de 20 min