Dans ce solo pensé et créé pour le danseur Michel Onomo alias « Meech », Bintou Dembélé continue d’explorer par la danse l’histoire des migrations marquée par la colonisation. D’une écriture ciselée, la chorégraphe nous livre l'essence de son geste artistique : « Ce sont deux mondes chaotiques qui se confient, l’un demande à être initié, l’autre se sent vulnérable. (...) Séries de tremblements, ralentis, jaillissements jalonnent la prise d’espace. Le blaze Meech laisse place au récit de la lignée Onomo. Faire peau neuve, s’autoriser à lâcher prise dans la célébration. Le rite de passage se dessine pas à pas, invite au partage d’une expérience du déplacement. Des gestes d’antan qui s’entrecroisent avec le cri du corps d’aujourd’hui. L’ombre et la lumière déploient finement un entre-deux monde : du vivant et de la mort, du visible et de l’invisible, de l’arrêt et de la libéra-
tion »
À quoi ressemblerait une danse « marronne » ? Si le marronnage a historiquement qualifié la fuite des esclaves africains, ce terme en est venu à désigner en art la conquête d’un espace de liberté face aux contraintes imposées par un système. Prenant racine dans les rhizomes des cultures populaires d’Afrique jusqu'au hip hop, Rite de passage II Solo 2 s’inscrit dans une nouvelle forme de rituel, pensé pour le danseur Michel « Meech » Onomo.
Bintou Dembélé, pionnière du Hip hop (vous vous souvenez peut-être de l’une de ses créations à Ivry, Z.H. pour zoos humains ?) a créé sa propre compagnie, Rualité. Chorégraphe des Indes galantes à l’Opéra Bastille en 2019, chacune de ses créations est porteuse d’une histoire politique.
« J’avais besoin de rapporter que le Hip-Hop était d’abord une culture contestataire (…) parce que pour moi, c’était d’abord un cri du corps face aux violences policières, face au racisme (…) j’avais, de ce Hip-Hop, à cœur que les gens comprennent le langage. J’ai eu besoin de lui donner du sens et de la sensibilité. » (Bintou Dembélé dans Affaires culturelle, France Culture)