Depuis 2018, Sonic Protest, l’UFR arts plastiques à l'université Paris 8 et la Hear Mulhouse/Strasbourg collaborent autour d’un atelier ouvert aux étudiants, animé par un·e artiste qui joue au festival. Après Thomas Tilly, Lee Patterson, Julia Hanadi Al Abed, Marc Baron, Elena Biserna et Alessandro Bosetti c'est au tour d'Anna Holveck (qu’on entendra en solo le 13 mars au Théâtre Berthelot à Montreuil) de travailler avec les étudiant·e·s accompagné·e·s à l’année par Matthieu Saladin et Yvan Étienne. La restitution de cet atelier, se fera autour de l’activation, par ce groupe, de la performance Masque Paume.
Sophie Agnel et Barbara Dang sont deux actionistes chevronnées du piano étendu.
Biberonnées aux mêmes figures hérétiques de la musique improvisée et au contemporain le plus ardu, elles se devaient de collaborer ensemble. Ce fut chose faite en 2016 lors d’une première rencontre à 4 mains pour l’interprétation de Symmetries, pièce de Tom Johnson datant de 1981. Leur seconde rencontre sera décisive sur la nouvelle voie à suivre : partir de compositions écrites très courtes (Arvo Pärt, Morton Feldman, Carla Bley, Mompou) et les passer à la moulinette de l’improvisation libre.
La pieuvre AGNel/dANG, à 4 bras, 2 têtes et 20 doigts, peut ainsi s’adonner à sa passion du piano préparé et sortir totalement du cadre trop limitatif de l’instrument en explorant des techniques de jeux inédites, alternant catatonie et réductionnisme.
Comme si Satie sous acide foutait le bastringue dans un film inédit des Marx Brothers avec Cornelius Cardew dans le rôle du quatrième frère!
On a déjà pu écouter Clément Vercelletto à Sonic Protest, dans Orgue Agnès ou dans le trio Marion Cousin & Kaumwald, mais on ne l'a jamais entendu comme on l’entendra avec L’Engoulevent, dont ce sera la première sortie dans la région. Musicien (Sarah Terral, Arlt, Horns, Le Grand Couturier, etc) et metteur en scène (Devenir Imperceptible), on le sait attentionné à l’intensification du temps, au jeu avec les espaces qu’il emplit et vide tour à tour, et à l’invention de rituels d’aujourd’hui.
Entre sculpture et instrument de musique autonome, l'Engoulevent a été réalisé en collaboration avec le luthier Léo Maurel (qu’on avait eu la chance de recevoir avec Pancrace !). Orgue portatif, cet instrument à soufflerie permet d'alimenter en air pulsé 24 tuyaux contrôlés via une interface MIDI : appeaux séquençables, flûtes d'orgues récupérées… Chaque sortie de cet instrument, par essence modulaire, est une potentielle note (ou groupe de notes) ; les polyphonies corsent le jeu. Basée sur cette architecture ouverte, la musique que Clément Vercelletto donne à entendre avec l'Engoulevent se tisse tout en quarts de teintes, en spirales d’un clair-obscur à même de permettre à la poésie de se faire dans l'oreille.
C'est en 2004 que 300mA voit le jour de l'union artistique et spontanée (toujours là 20 ans après) de JF Plomb et Damien Grange. 300mA s'injecte dans des dispositifs électroacoustiques impliquant le contact frappant, frétillant-frottant ou grinçant, de fils de cuivre, ressorts, élastiques et autres, tandis que des machines à moteur tournant sur elle-mêmes sont guidées dans leurs percussions métalliques par Super Jean-François Plomb (Pied Gauche, Super Meilleur, Sklarska Poreba, Jiflure, Les Îles Sandwich..)
L'énergie électro-shamanique s’échappe du souffle de Damien Grange (Chewbacca, Rature, 80 dates, Bronzy mc Dada, -1...) qui fait résonner à travers son chant, avec des onomatopées blues-folk tonitruantes, ou des poèmes, et à travers ses harmonicas, sa trompette ou le frottement de son cümbüs, de fulgurantes mélopées qui semblent venir du fond des âges.
Une performance marquante émanant des réseaux de héros locaux lyonnais et stéphanois prête à nous catapulter dans la déglingue de transe d'un cabaret blues indus bruitiste et d’autres aventures sonores.
Avec ses chants à faire danser la vermine, Pauline Marx invoque rythmes chtoniens & bruits fermentés pour inventer une musique tout en collages et télescopage. Emprunts à la musique traditionnelle mis à jour au sampler, tambours-peau-de-chèvre séquencés sans quantization, anciennes antiennes qui font office de pop songs cachées sous le granit des landes bretonnes, refrains glanés et fredonnés pour vous et nous depuis des lustres (à bougies !), son lo-fi en direct du fond du chaudron à potion : le Diable Dégoûtant sait convoquer la puissance invaincue des ritournelles et des mots qui ensorcellent… on va encore finir sur le païen !
Deux pianistes qui ce coup-ci se débarrassent complètement de leurs instruments pour prendre un chemin de traverse hanté par la poésie sonore et la musique concrète.
Prélude pour la noise d’une nuit d’été, industriel et habité.
Anaïs Tuerlinckx et Delphine Dora dessinent un dark folk qui s’improvise sur une boîte à cordes et des ready-mades amplifiés. La voix restant un élément primordial, enveloppant des paysages aérés légèrement perturbés par une approche sculpturale et physique du son.
Tout est ici question de sensibilité.
Voici le all star band rêvé de la scène postkraut hexagonale, comprenant des membres de la galaxie Standard In-Fi & co (Tanz Mein Herz, Balladur, France, Société Etrange…) réunis grâce à l’opiniâtreté de l’artiste et performeuse Florence Giroud.
Un premier album en 2013 nous avait déjà enivré jusqu’à la lie, mais c’est bien Collection particulière, second opus récemment édité par Zamzamrec, qui nous a conquis à jamais.
Giroud a réussi le tour de force d’emmener avec elle ces musiciens, qu’on connaissait bien pour leurs expérimentations instrumentales, sur le terrain glissant de la spoken pop cinématographique. Le pari est plus que réussi ! On ne peut s’empêcher de s’accrocher à des références (le Melody Nelson de Gainsbourg, Catherine Ribeiro et Alpes, Brigitte Fontaine) histoire de ne pas perdre totalement pied, mais il faut bien l’avouer : Omertà est unique en son genre. Ce combo hypnotique approfondit la mélodie jusqu’à l’intime sans jamais verser dans le superficiel. L’osmose est profonde. Toutes ces personnalités uniques entrent en résonance les unes avec les autres et fabriquent, l’aire de rien, une orientation inédite de la chanson française.
Depuis une dizaine d’années, Sofie Herner s’autorise une pratique aussi fragile que brute de la musique. Par-delà le plaisir de l’oxymore, elle se permet un jeu instrumental qui se tient fort éloigné de toute notion de virtuosité ou de savoir-faire académique au profit d’une approche qui met le rudimentaire à l’honneur et laisse la part belle au hasard, à la vibration de l’instant. Repérée du côté de la scène expé de Göteborg (mais si, enfin, iDEAL Recordings, The Skull Defekts, Organ of Corti, etc) avec Neutral (avec Dan Johansson - Sewer Election) ou au chant dans Enhet För Fri Musik, on l’entend désormais aussi à la batterie dans l’impeccable et bien nommé quartet de Malmö, Eternal Music Society.
Dans Leda, son projet solo avec guitare et voix sur K7, elle construit une musique aux rythmiques subrepticement entêtantes et aux mélodies fantômes, des mantras low-fi qui ne bouclent pas rond.
Timothée Quost est un compositeur, trompettiste, improvisateur qui navigue avec aisance entre différentes esthétiques musicales. Après un diplôme d’études musicales au conservatoire de Chalon-sur-Saône, en trompette classique en 2011 puis en jazz en 2012, il intègre le département Jazz et musiques improvisées du CNSM de Paris dont il sortira diplômé en 2018… Personne n’est parfait !
En solo avec son projet SEUL, dans ses multiples collaborations (en duo avec Jean-Luc Guionnet ou avec l’ensemble TM +, par exemple) ou au sein de LINKEN (qu’il a cofondé avec Léo Margue), ce joueur de tube s’attache principalement à la texture brute du son comme matériau primordial de toute production musicale. Larsens de tuyau ou percussions de bouche amplifiée, le vocabulaire de la trompette version Timothée Quost se trouve étendu à l’infini via l’amplification et de nombreuses techniques très personnelles, où le viscéral côtoie la technique d’orfèvre. Avec cet instrument aussi étudié que détourné, cet incroyable faiseur de son joue sur un terrain tout à fait en pente, de ceux que l’on dévale en ne craignant même pas qu’ils puissent conduire vers l'abrupt, voire la falaise. Même pas peur.
Sans boussole, ni GPS, Timothée Quost se tient éloigné de toute cartographie qui risquerait de circonscrire l’aventure et privilégie l’exploration et l’instantané. Vive le tout-terrain !
À travers des voix, des percussions artisanales, des radios-transistors modifiés et une spatialisation à la vue de tou.te.s, la musique de Bégayer s’envisage comme une dérive nomade à même d'illustrer l'aphorisme de René Char, plus tard emprunté et traduit par Hannah Arendt : "Notre héritage ne nous a été laissé par aucun testament."
En s’autorisant ce geste pour les sans-folklores, cette panique chantée où les rumeurs de musiques anciennes ou lointaines sont volontairement brouillées par des airs de chanson française, italienne et arabe, le désormais quintet s’offre la même liberté de transgression avec l’idée même de concert : sans début ni fin, le temps du spectacle et le temps quotidien se confondent afin de vider délibérément de toute autonomie la temporalité de la performance.
Bref, c’est carnaval tous les jours et tout est permis aux enfiévré·e·s qui veulent faire chanter les lendemains… dès ce soir !
Se présenter 15 minutes avant le début du festival.
En cas d'annulation, merci de nous joindre au plus vite au 01.43.21.85.21 pour que nous puissions prévenir le partenaire. Si nous ne décrochons pas, merci de nous laisser un message avec le numéro de réservation.