Musique et médiation

Autrefois nous devions nous déplacer pour aller écouter de la musique. La dématérialisation et la multiplication des supports techniques ont bouleversé notre rapport à la musique qui s’est individualisé. Un des objectifs de la médiation peut être de réhabiliter la dimension de partage autour de la musique en facilitant l’accès aux concerts, en privilégiant le direct, la proximité avec les musiciens et ainsi de revaloriser l’expérience collective que peut constituer l’écoute musicale.

 

« Tout le monde est à l’unisson et on se sent appartenir à un grand tout. La musique nous relie à nous-même et aux autres. Elle permet de fonder une communauté de gens qui ne se connaissant pas. La musique est inscrite au plus profond de notre être et est au cœur de l’univers. »

Propos du musicien Bobby McFerrin, in L’instinct de la musique, film-documentaire de Elena Mannes, 2009, France

 

Tout le monde a une culture musicale, celle-ci est parfois très spécialisés, elle dépend des goûts et des références bien définis de chacun. Toujours dans la volonté de mettre en partage l’expérience musicale, l’objet de la médiation consistera à créer des passerelles entre les connaissances et les affinités de chaque personne. Elle peut notamment s’appuyer sur le métissage des genres musicaux et le croisement avec d’autres champs artistiques (cinéma, danse…)

La réception de la musique est essentiellement émotionnelle. Ainsi, la médiation cherchera à construire des relations et nourrir la parole à partir de ces émotions. À moins d’être un musicien chevronné, nous nous trouvons rapidement démunis pour parler des morceaux musicaux autrement que sous une forme informelle. Pour aller plus loin, il semble indispensable de pouvoir s’associer à des musiciens ou des lieux culturels consacrés à la musique. Ces actions sensibilisent les publics à la diversité des genres et leur permettent d’expérimenter la musique sous de nouveaux angles : par la découverte des instruments, par la pratique du chant, par la connaissance historique et sociologique des genres musicaux…

 

Projet « Un salon, deux musicien » : on écoute la musique mais on en parle aussi !

Quelque part entre le salon littéraire et la réunion Tupperware, Le Petit Faucheux, scène Jazz et de musiques improvisées située à Tours, a proposé aux habitants, en 2015, des moments d’écoute et d’échange avec le contrebassiste Sébastien Boisseau et d’autres musiciens. Treize rencontres se sont déroulées dans des espaces transformés pour l’occasion en salon au sein même de structures sociales de la ville de Tours. Cce projet a été réalisé en partenariat avec l’association Cultures du cœur Indre et Loire qui a ainsi permis de mobiliser un grand nombre de partenaires sociaux.

« L’idée était d’échanger sur ce thème et d’écouter de la musique en acoustique pour favoriser la proximité avec les artistes. Il s’agissait d’échanges ouverts sans retenue, sans attention particulière à la dimension technique. Les séances débutent avec un morceau pour créer de l’expérience commune puis la discussion s’installe. Il s’agit surtout d’interpeller la sensibilité des publics, de leur permettre d’exprimer ce qu’évoque pour eux la musique. De plus, l’improvisation parle du quotidien ; savoir, écouter, échanger, se concentrer, prendre part aux discussions. Il n’y a eu aucun problème pour mobiliser les publics (10 participants par salon en moyenne), et les faire participer. Les salons ont souvent duré plus longtemps que prévu. À chaque fin de salon, les participants ont été invités à un concert de Sébastien Boisseau en résidence au Petit Faucheux. Une restitution s’est déroulée au mois de juin dans l’espace culturel transformé, pour la circonstance, en plusieurs salons, reprenant les décors des différents espaces organisés dans l’année. Les publics étaient invités à déambuler dans le lieu et les participants des treize salons ont pu se rencontrer et échanger sur l’expérience vécue. La clé de réussite de ce projet tient vraiment à la personnalité de Sébastien Boisseau. Artiste talentueux, convaincu par le projet, il a fait preuve d’une véritable écoute et d’une grande disponibilité pour répondre à chaque question. L’investissement en continu de tous les acteurs : Le Petit Faucheux, Cultures du cœur et les travailleurs sociaux a aussi contribué au succès du projet. »

Isabelle Boulanger, Chargée de développement Le Petit Faucheux, Tours

 

 

 

Document conçu par Cultures du Cœur et disponible dans le Guide de la médiation culturelle dans le champ social.



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