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20/11/2024 09:11:30

L’insertion passe aussi par la culture

Article de Marcelle le média

Les plus modestes sont trois fois moins nombreux que les plus favorisés à assister à un spectacle ou aller au cinéma. Depuis 2000, Cultures du Cœur 13 propose 34 000 invitations par an aux personnes les plus éloignées du théâtre, de l’opéra ou des musées. Et coconstruit une multitude de projets sur mesure, en lien avec quelque 200 partenaires culturels et 230 acteurs sociaux relais.

De quoi permettre aux bénéficiaires de passer un bon moment. Mais aussi de renouer avec une vie sociale, la confiance en soi, la mobilité.

De l’extérieur, Cultures du Cœur 13 annonce un peu la couleur. Son siège est situé en pied d’immeuble de la tristounette rue de Crimée, près de la gare Saint-Charles, dans le 3e arrondissement de Marseille (l’un des plus pauvres d’Europe). Mais il tranche par sa façade, couverte d’une jolie fresque colorée. De l’art et de la gaieté en accès libre, déjà. Comme un indice de la raison d’être de cette association : « utiliser la médiation comme voie d’accès à la culture » et « la culture comme outil d’insertion », résume parfaitement sa présidente, Béatrice Bertrand. « Mettre en lien des structures culturelles et sociales. » Pour que les premières s’ouvrent aux bénéficiaires des secondes.

Car si 71% des cadres supérieurs vont au théâtre ou à un concert au moins une fois dans l’année, ils ne sont déjà plus que 38% des employés et ouvriers, selon les données 2018 du ministère de la Culture, citées par l’Observatoire des inégalités en 2021. « Les plus modestes sont trois fois moins nombreux que les plus favorisés » à assister à un spectacle ou aller au cinéma. Et 6% de la population indique ne pas avoir pu voir un film sur grand écran sur une année.

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34 000 invitations offertes par des partenaires culturels

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L’impact de l’accès à la culture va bien au-delà de la notion de divertissement. © DR

Des inégalités déjà flagrantes en 2000, quand l’association nationale Cultures du Cœur – née deux ans plus tôt – a été déclinée dans les Bouches-du-Rhône. Mais une approche novatrice. Qui va au-delà de la notion de « démocratisation ». « Les premières années, il a fallu aller vers ces différents acteurs, rappelle Béatrice Bertrand. Et nous nous sommes appuyés sur des milliers d’invitations diffusées sur un site Internet dédié. »  Des invitations offertes par des partenaires culturels (voir bonus) et proposées à des missions locales, foyers, centres sociaux, qui les transmettent ensuite à leur « public ». Jeunes migrants, familles monoparentales, personnes en extrême précarité… Bref, éloignés voire coupés des pratiques culturelles.

Désormais, 34 000 visites de musée, concerts, spectacles ou encore pièces de théâtre sont ainsi mis en ligne chaque année dans le département. 10 000 trouvent preneur (pour une valeur de plus de 88 000 euros), touchant 4 000 personnes. 57% de femmes pour 43% d’hommes. Dont environ 1 600 familles, autant de personnes isolées, 1 300 habitants des quartiers prioritaires de la ville (QPV) et un petit millier d’allocataires du RSA. Et d’après les retours d’expérience, l’apport de cet accès à la culture va au-delà du « simple » plaisir. « Les travailleurs sociaux mesurent l’impact que cela peut avoir : reprise d’une vie sociale, regain de confiance en soi, redécouverte de la mobilité… » souligne Béatrice Bertrand.

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Vaincre les barrières

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C’est souvent un atelier ou une sortie en groupe qui familiarise les bénéficiaires aux lieux culturels la première fois. Comme ici, au festival d’Avignon. © DR

Mais cette « billetterie solidaire », si précieuse soit-elle, n’est que « la partie émergée de l’iceberg » insiste Karine Lacôme, directrice de Cultures du Cœur 13. Aujourd’hui, l’association coconstruit également de nombreux projets sur mesure. Avec les partenaires culturels et sociaux, respectivement 200 et 230 entités, dans toutes les Bouches-du-Rhône. La partie immergée de l’iceberg. Car si les invitations permettent une expérience individuelle ou en tout petit groupe, c’est souvent un atelier collectif d’écriture, de théâtre (voir bonus) ou la visite d’un musée qui familiarisent les bénéficiaires aux lieux culturels la première fois.

Une activité guidée et pensée de manière globale. Après avoir échangé avec les travailleurs sociaux, en direct ou lors des forums organisés par Cultures du Cœur 13.  Avec des acteurs culturels. Certains sont même formés (Ndlr : l’association a aussi un organisme certifié Qualiopi) pour leur permettre de mieux intégrer des actions culturelles dans les projets d’accompagnement. D’être de meilleurs prescripteurs. « Il faut vaincre les barrières financières, sociales, psychologiques, géographiques… explique Karine Lacôme. Définir quelle sortie est la plus adaptée au public, régler la question du transport, éventuellement de la garde d’enfants…». « Il ne suffit pas que ce soit gratuit pour que les gens sortent », prolonge Béatrice Bertrand.

La culture « à domicile »

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C’est parfois la culture qui investit de nouveaux lieux, notamment les bidonvilles. © DR

D’ailleurs, parfois, c’est la culture qui vient à eux. C’est le cas pour « Art et sciences », un programme mené avec Les Petits Débrouillards dans les bidonvilles. Pour « Cultur’hall », qui associe ateliers d’initiation à une pratique artistique en journée et spectacle ou projection en soirée, dans une cité, en lien avec un bailleur social. Pour « La culture c’est ma thérapie », là encore des ateliers (de danse, photo, chant) mais à Gardanne, avec le centre hospitalier psychiatrique Montperrin. Pour « L’agitateur culturel », des animations dans le jardin d’une résidence sociale. Ou encore dans certains centres pénitentiaires ou centres éducatifs fermés. C’est aussi ça, « mettre en lien ». ♦

* Le Mucem parraine la rubrique culture et vous offre la lecture de cet article *

 

 

 







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